Login

Stations connectées La météo faitsa révolution

Les uns après les autres, les distributeurs dégainent des offres incluant l'installation de stations météo connectées, les nouvelles « vedettes ».Non seulement, leur intérêt réside dans la constitution de communautés,mais elles sont un point d'entrée à l'utilisation d'OAD pour un conseil ultraprécis.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

C'est l'effervescence. Depuis l'an dernier, les distributeurs lancent les uns après les autres des offres autour des stations météo connectées, ces objets qui permettent de collecter des informations météo localisées et expertisées, transmises en temps réel sur une interface simple de pilotage des cultures. « La station météo en elle-même n'a rien de novateur », recadre Olivier Deudon, spécialiste du sujet, chez Arvalis, en rappelant qu'elle est toujours dotée d'un certain nombre de capteurs, comme le pluviomètre, le thermomètre, l'hygromètre. « Ce qui est innovant, c'est qu'on puisse avoir accès aux données en temps réel sur smartphone, tablette ou micro-ordinateur, avec des réseaux bas débit qui ont permis de démocratiser l'accès à la donnée. » C'est l'internet des objets. Cette rupture technologique peu énergivore a permis de baisser drastiquement les coûts de communication. En France, deux réseaux bas débit se partagent le marché, le toulousain Sigfox, qui a pris un temps d'avance, et son pendant LoRa arrivé sur le marché, il y a deux ans. Un troisième, Qowisio, tente de percer. Limités dans la taille et le nombre des messages, ces réseaux bas débit transmettent un flux toutes les quinze minutes.Pour une application agricole, on peut considérer que c'est du temps réel. C'est cet automatisme qui est révolutionnaire, et qui autorise un couplage facilité avec des OAD via une interface (API). Il est possible de le faire avec des anciennes stations, mais de manière plus artisanale. De plus, les stations météo connectées poussent finalement elles-mêmes les outils à être compatibles. « Certains comme Mileos nécessitent maintenant des informations météo toutes les heures, l'alimenter manuellement n'est plus adapté », avance Cécilia Goret, chef de produit Météus. Les distributeurs l'ont bien senti, ces petits bijoux technologiques sont un point d'entrée pour amener plus de précision dans l'accompagnement technique par rapport aux enjeux environnementaux, réglementaires et économiques. En plongeant dans ce marché, ils s'associent à une image innovante et s'offrent une source de revenu et/ou de fidélisation supplémentaire.

Sans data, point de services

« Proposer une météo à la parcelle, c'est un support pour apporter un conseil ultrapersonnalisé et rentrer dans l'agronomie de précision », appuie Jérôme Le Roy, chez Weenat. La plus-value réside dans le fait de pousser du service et du conseil avec des OAD. « Il y a des distributeurs qui peuvent monter des réseaux, créer des offres de service agronomique avec la donnée qui remonte en permanence des champs de leurs clients, valoriser le conseil. Demain, cela peut être un élément différenciant dans le cadre de la séparation du conseil et de la vente, affirme Martin Ducroquet, chez Sencrop. Sans la data, c'est plus compliqué. »

L'engouement vient aussi du fait que ces stations sont tout à fait abordables, peuvent être déployées partout, ne sont pas compliquées à installer. Bref, accessibles à tous. A 500 €, on trouve une station classique avec 3 ou 4 capteurs (pluviomètres, hygromètres, thermomètres et tensiomètres). Pour un distributeur, cela permet de multiplier les points de collecte de données en maillant le territoire de façon plus large et plus précise.

Ceci dit, cela reste un marché émergent. « On est vraiment dans l'année où cela commence à se développer », indique-t-on chez Weenat. Selon notre sondage, 6 % des agriculteurs seraient équipés d'une station météo connectée. « C'est encore un petit chiffre », pour Cécilia Goret et Olivier Deudon. « 10 % des plus de 150 ha, c'est pas mal », estime a contrario Martin Ducroquet, chez Sencrop. 9 % dans le nord-est ? « Les producteurs de pommes de terre ont très bien compris l'intérêt de ces matériels, appuie Olivier Deudon. Sur la campagne passée, une centaine de stations météo supplémentaires ont été raccordées à Mileos. »

Plus d'avenir que pour les drones

Reste qu'il y a une marge de progression assez importante. Surtout quand on voit que près de 40 % des agriculteurs n'en ont jamais entendu parler, et que près de la moitié des autres ne trouvent pas que cela puisse les aider dans la conduite de leur exploitation. Il y a encore de la pédagogie à apporter,admettent en choeur les fournisseurs, qui en louent les avantages : aide à la prise de décision, optimisation des intrants, traçabilité et justification des interventions, tranquillité d'esprit...

La nouvelle « vedette » va-t-elle faire carrière ? En tout cas, elle a supplanté la précédente, le drone, dans les discussions. Olivier Deudon est confiant : « L'avantage d'une station météo par rapport à une image issue d'un drone, c'est de fournir à l'agriculteur en instantané des données qu'il est capable d'interpréter. En plus, certaines promesses des drones comme la détection des mauvaises herbes n'ont pas toujours été très concluantes. » Cécilia Goret est également convaincue que « la météo est une donnée d'entrée majeure pour accompagner les agriculteurs dans une amélioration des pratiques qui correspond bien aux enjeux d'aujourd'hui ». D'ailleurs, il n'y a pas que les stations connectées... D'autres outils existent comme Taméo, adopté à ce stade par sept distributeurs dont Acolyance. Mais la météo, ça reste la météo...

DOSSIER RÉALISÉ PAR RENAUD FOURREAUX

Sommaire

La météo faitsa révolution

    A découvrir également

    Voir la version complète
    Gérer mon consentement